J'écris ma bafouille, en quelque sorte en miroir de celle de Marie qui raconte les péripéties qu'elle rencontre avec son éditeur, éditeur militant !!
Voir là : http://rennard.canalblog.com/archives/2008/03/30/8531965.html
Oh comme cela me rappelle de bons moments !
Lorsque nous étions à Kamalalam, librairie consacrée à la petite édition, on a travaillé bien entendu avec beaucoup de petits éditeurs. Bah, il y a de tout chez les petits comme chez les grands, hein. Du bon, du mauvais, du franchement n'importe nawak, du génial aussi.
Oh, non, c'est pas parce que c'est petit que c'est anodin, c'est pas non plus parce que c'est petit que c'est bon. Avec le temps, on a eu un sacré tri à faire.
Vis-à-vis de la qualité des textes, bien entendu, mais ça, c'est notre boulot de libraires, mais face aux attitudes de certains éditeurs, il m'est arrivé de rester comme deux ronds de flan.
Je vous en raconte une qui m'est toujours en travers de la gorge. A la librairie, nous avons coutume de travailler en dépôt avec la plupart des éditeurs. L'éditeur nous dépose les livres et nous lui adressons un détail des ventes tous les mois. Cela nous permet de ne pas investir des fonds démesurés et permet aux petits éditeurs d'avoir plus de visibilité : s'ils veulent déposer tout leur catalogue, pas de souci, on le met en place et en avant, pour peu que le travail nous plaise, évidemment.
Nous n'avons jamais eu aucun souci avec aucun des éditeurs à ce sujet. A une exception près. Les éditions B. que je ne cite pas, parce que je n'ai pas envie de les enfoncer plus qu'ils ne le sont déjà dans leur bêtise.
Les éditions B, par hasard, sont aussi "Editeurs militants". Suite à notre accord habituel, nous avons pris tout leur catalogue. Nous leur avons consacré une vitrine. Nous avons organisé avec eux deux lectures, qui ne nous ont pas particulièrement plu mais c'est une autre histoire.
Et nous avons vendu pour eux. Pas pour des millions d'euros mais quelques exemplaires tous les mois. Et payé dûment les factures.
A un moment donné, nous avons dû abandonner le magasin. Mais… la librairie continuait : en ligne, en déplacements, marchés, foires, etc. Un courriel adressé aux éditeurs leur expliquait la base : tout comme avant, s'ils le désiraient. On pouvait ou garder les stocks ou le leur rendre. Pas de souci. Pour personne, à l'exception du responsable des Editions B, qui nous ont envoyé la facture pour la totalité du stock, soit plus ou moins 1000 €.
Euh ?
Echanges divers, le ton monte, B. menace, nous nous étonnons. Le stock est à leur disposition, s'ils désirent le récupérer, il n'est pas "à nous" et ne l'a jamais été. Là sort le grand argument militant, non pas celui de la solidarité, mais celui du respect des petits, d'une nécessaire adaptation à leur difficile condition de petits éditeurs militants. Il faut dire que la multinationale Kamalalam avait tendance à s'en mettre plein les poches. Et que nous n'avions que ça à faire de prendre un avocat pour contester une facture qui n'avait pas de raison d'être.
Nous avons "gagné". Et n'avons pas payé les 1000 €, simplement renvoyé les livres*. Si nous avions dû à ce moment-là payer cette dette qui n'était pas la nôtre, nous n'aurions jamais pu continuer le projet. C'est ça qui m'a fait râler. Depuis un an, on les soutenait, on leur rapportait du flouze. Mais on devenait sans doute "moins intéressants" comme partenaires commerciaux ?**
Ce qui est certain, c'est que tous les intéressés, qui normalement servent la même "cause", ont tous perdu quelque chose.
Oui, il y a des rats parmi les militants. Et des faquins parmi les éditeurs.
Pas tous. Ouf.
* Sans regret, mais ça aussi, c'est une autre histoire.
* Ce n'est pas l'avis de tous les autres, qui ont continué, à raison je pense, à nous faire confiance.